Julie LEBLANC, anthropologue
LADEC, Université Lumière Lyon 2
Discutante : Nouria OUALI, sociologue, METICES, ULB, Bruxelles
Mardi 12 novembre 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
L’illusion collective a longtemps fait penser l’immigration comme « provisoire » [Sayad, 2006] et uniquement liée au travail masculin. Dans ce contexte, la problématique du vieillissement des personnes immigrées a tardé à émerger [Attias-Donfut, 2006]. De plus, si les travaux pionniers sur la question ont porté la focale sur les hommes isolés vivant dans les foyers, les femmes sont quant à elles restées « en arrière-plan » [Laacher, 2014]. Le fait qu’elles s’inscrivent à l’intersection des rapports de sexe, d’âge, de classe et d'ethnicité renforcent cette invisibilité y compris au sein des recherches. Cette communication s'appuiera sur deux ethnographies, l'une menée en périphérie de l'agglomération lyonnaise et l'autre dans le centre-ville de Marseille, avec des femmes d'origines maghrébine mais aussi ivoirienne et sénégalaise âgées de 60 à 80 ans. Julie Leblanc tentera de dégager les processus engendrant l'invisibilité de ces femmes au sein des recherches mais aussi des espaces urbains concernés. Ceci en questionnant le traitement historique de l'immigration en France, les parcours de ces femmes à leur arrivée dans ce pays souvent dans les années 1950 mais aussi aujourd'hui, en interrogeant leurs mobilités et modes de sociabilité dans la ville. Cette approche aidera ainsi à dépasser une vision souvent culturaliste adoptée au sujet de ces femmes vues fréquemment comme gardiennes d'une dite "culture d'origine", pour montrer la diversité et la dynamique des parcours migratoires, de vies et de vieillesses que recouvre la catégorisation "migrantes âgées".