Baptiste BROSSARD, sociologue, School of Sociology, The Australian National University, Canberra
Discutant : Simon LEMAIRE, sociologue, Transitions, UNamur
Lundi 4 février 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
À partir du moment où une personne est soupçonnée souffrir de démence, les interactions à son égard se modifient progressivement. Cette transformation est au cœur de la recherche menée par Baptiste Brossard pendant cinq ans, en France et au Québec, à partir d’un travail de terrain fondé sur l'observation de « consultations mémoire », de centres d'hébergement ainsi que sur des entretiens ethnographiques avec des patients, des proches et des professionnels.
Baptiste Brossard propose de conceptualiser la maladie d'Alzheimer comme transformation de l'ordre des interactions, au prisme de quatre processus récurrents.
D’une part, face à des troubles identifiés peu à peu comme des symptômes, un réseau d’aide se déploie autour des personnes, ce qui conduit à redéfinir les relations auxquelles elles ont accès. D’autre part, l’interprétation par les professionnels et les proches de certains de leurs comportements en tant que symptômes mène ces personnes à se voir retirer, peu à peu, leur crédibilité lors des interactions ordinaires. De plus, les comportements de « déférence » à l’égard des personnes diagnostiquées se modifient également. Enfin, surtout lorsque leur proche arrive aux stades les plus avancés de la maladie, les membres de l’entourage (familial et professionnel) procèdent à des « activités de reconstitution », visant à simuler ce que serait l'interaction sans la maladie.
L’analyse de ces quatre processus relationnels permet de reformuler certaines questions éthiques posées par la maladie d'Alzheimer de façon sociologique, interrogeant le monde social dans son ensemble.